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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/204

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Histoire

Mademoiselle. Il saisit sa main, & lui ôta le poignard, mais en se débattant, elle se blessa au poignet. De-là vient son large ruban noir. Méchante femme ! d’avoir été capable d’un si noir dessein. Il se contenta de lui dire, après l’avoir désarmée : quelle violence ! & qu’en espérez-vous ? Je ne vous rends point ce malheureux instrument, vous n’aurez point occasion d’en faire usage en Angleterre. En effet, il l’a gardé.

Ce récit m’avoit fait trembler. Ô ma chere ! ai-je dit à Émilie, nous savons ce que de vertueuses femmes lui ont fait souffrir, mais cette Olivia n’est pas du nombre. L’aventure peut-elle être vraie ? De qui la tenez-vous ?

De Madame Maffei même, qui croyoit que Sir Charles ne nous l’auroit pas cachée ; & lorsqu’elle a su que nous l’ignorions, elle a paru fâchée de me l’avoir apprise : elle m’a priée même d’en garder le secret, mais je ne lui ai rien promis. Elle dit qu’Olivia regrette beaucoup son emportement, sur-tout lorsqu’elle pense qu’il lui a pardonné sur le champ, & qu’ensuite il l’a recommandée fort affectueusement à toute sa famille. Mais je ne l’en hais pas moins.

Qu’elle est à plaindre, n’ai-je pu m’empêcher de répondre, avec un soupir ! Mais voyez, chere Émilie, de quoi les passions déréglées nous rendent capables, nous qui sommes naturellement si foibles & si tendres ! Cependant, lorsqu’elle marque du