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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/25

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du Chev. Grandisson.

pose que vous aviez la malice de m’en faire l’application. Mais si vous avez eu cette vue, Chevalier, je vous assure qu’elle étoit sans fondement, comme l’importunité de ceux qui m’insultent & me tourmentent sans cesse, en attribuant ma maladie à quelque foiblesse d’amour.

Je vous proteste, Mademoiselle, que ce n’étoit pas alors mon intention.

Alors ! Ni à présent, j’espere.

Je me souviens des Vers. Comment pourrois-je vous les appliquer ? Le refus que vous avez fait de plusieurs Amans, l’aversion que vous marquez pour un homme du mérite & de l’importance du Comte de Belvedere, quoiqu’approuvé de toute votre Famille, sont des convictions…

Voyez Camille, (en m’interrompant avec précipitation) le Chevalier est convaincu. Je vous prie, pour la derniere fois, de ne me plus insulter par vos questions & vos conjectures sur le même sujet. M’entendez-vous, Camille ? Apprenez que pour le monde entier & pour toute sa gloire, je ne voudrois pas qu’on eût à me reprocher de l’amour.

Mais, Mademoiselle, si vous donniez quelque explication à votre Mere, sur la mélancolie qui a pris la place de votre enjouement naturel, ne vous épargneriez-vous pas des soupçons qui paroissent vous chagriner ? Peut-être votre tristesse vient-elle du regret que vous avez de ne pouvoir