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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/274

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Histoire

Que je suis impatient de la voir ! Cependant ce spectacle ne me promet que de l’amertume. C’est, dit-on, le vrai tableau de la tristesse muette. Ses traits sont les mêmes, ajoute l’Évêque, quoiqu’elle soit fort maigrie. On lui a dit, que Jeronimo commençoit à se trouver mieux ; votre cher Jeronimo, lui a répété le Général. Elle a prononcé tendrement ce nom ; & baissant les yeux, elle est retombée dans un profond silence. Ensuite on lui a prononcé aussi mon nom. Elle a regardé promptement autour d’elle, comme dans l’espérance d’y voir quelqu’un. Mais sur quelque bruit que le hazard a fait entendre, elle a tressailli, elle a jetté les bras autour de Camille, les yeux troublés, dans la crainte apparemment d’être observée par la cruelle Daurana. Combien doit-elle avoir souffert de sa barbarie !

Vendredi au soir.

Je passe la moitié du tems avec le Seigneur Jeronimo ; mais à différentes heures, pour ne pas fatiguer ses esprits. Les Chirurgiens Italiens & M. Lowther s’accordent heureusement dans toutes leurs mesures. Aussi le malade rend-il témoignage qu’il n’a pas été si bien depuis plusieurs mois. Tout le monde attribue le retour de ses forces à mes fréquentes visites. On doit lui faire demain une ouverture sous sa plus dangereuse plaie. M. Lowther, qui entreprend cette opération, ne veut se flatter de rien, dit-il, avant le succès.