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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/324

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Histoire

Elle m’a paru embarrassée. Ses yeux se tournoient de divers côtés, tomboient un moment sur moi, se fixoient ensuite à terre, ou devant elle. J’ai cru ne pouvoir me dispenser de parler. Il me semble, lui ai-je dit, que l’aimable Clémentine a quelque chose dans l’esprit, qu’elle souhaite de me communiquer. Vous n’avez pas, Mademoiselle, d’Ami plus sincere & plus fidele que moi. Votre bonheur & celui de mon cher Jeronimo font ma seule occupation. Honorez-moi de votre confiance.

J’ai quelque chose à dire. J’ai plus d’une question à faire. Mais plaignez-moi, Chevalier ; il ne me reste plus de mémoire. Je l’ai tout-à-fait perdue ! Ce qui m’est fort présent, c’est que nous vous avons des obligations, qu’il nous est impossible de reconnoître ; & ce sentiment m’agite beaucoup.

Qu’ai-je fait, Mademoiselle, que de répondre à la voix de l’amitié, comme chaque personne de votre Famille l’auroit fait dans la même situation ?

Cette généreuse maniere de penser augmente l’obligation. Dites-moi seulement, Monsieur, comment notre reconnoissance peut s’exprimer ; comment la mienne le peut en particulier ? & je serai plus tranquille. Il m’est impossible autrement de l’être jamais.

Eh quoi ? Mademoiselle. Ne me croyez-vous pas bien récompensé par l’approche du succès, que toutes les apparences promettent à nos desirs ?