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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/375

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du Chev. Grandisson.

ce que je dois à Dieu, & me précipiteroit dans des malheurs qui ne regarderoient pas seulement l’avenir ; car ma perversion, dans un tems, n’empêcheroit pas qu’il ne me revînt des doutes ; & tes moindres absences me rendroient doublement malheureuse. L’indifférence est-elle possible sur un sujet de cette importance ? Ne m’as-tu pas fait voir toi-même qu’elle ne l’est pas pour toi ? & ton exemple ne sert-il pas à m’instruire ? Une fausse Religion aura-t-elle plus de force que la vraie Religion du Ciel ? Ô toi, le plus aimable des hommes ! ne cherche point à me perdre par ton amour.

» Mais est-il vrai que tu m’aimes ? Ou n’ai-je l’obligation de tes soins, qu’à ta générosité, à ta compassion, à ta noblesse, pour une malheureuse Fille, qui se proposant d’être aussi grande que toi, n’a pu soutenir l’effort ? Le Ciel m’est témoin des combats que j’ai livrés à mon cœur, & de tout ce que j’ai tenté pour me vaincre moi-même. Permets, généreux Homme, que je parvienne à cette victoire. Il est en ton pouvoir de me tenir enchaînée ou de me rendre libre. Tu m’aimes, je le sais. C’est la gloire de Clémentine, de penser que tu l’aimes. Mais elle n’est pas digne de toi. Cependant laisse avouer à ton cœur que tu aimes son ame, son ame immortelle, & sa paix future. C’est le seul témoignage qu’elle demande de ton amour, comme elle s’est efforcée de te témoigner le sien.