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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/385

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du Chev. Grandisson.

ne sera qu’à vous. Nous sommes tous du même avis sur ce point. Ma Mere se charge de lui parler en votre faveur.

Je sens toute l’étendue de cette bonté. Mais si Clémentine persiste, qu’aurai-je à dire lorsqu’elle me pressera solemnellement de la soutenir dans sa résolution, & de ne pas la mettre dans la nécessité de prendre avantage de la générosité de sa Famille ?

Ne doutez pas, Chevalier, a répliqué le Prélat, qu’elle ne se laisse aisément persuader. Elle vous aime. Ne reconnoît-elle pas dans cet Écrit, « qu’il est en votre pouvoir de lui faire violer ou remplir sa résolution, & de joindre à son nom celui que vous souhaiterez » ? Nous sommes tous convaincus qu’elle ne soutiendra point son entreprise. Vous voyez qu’elle a recours à vous, pour en obtenir la force. En un mot, permettez que je sois le premier qui vous embrasse sous le nom de Frere.

Il a pris ma main, & m’a fait l’honneur de m’embrasser. Rien de si noble, lui ai-je dit. Je m’abandonne à votre conduite. Jeronimo m’a tendu affectueusement les bras, & m’a salué sous le même titre. Le Marquis, le Comte, m’ont pris successivement la main ; & la Marquise m’offrant la sienne, je l’ai pressée de mes levres. Je suis sorti aussi-tôt, pour retourner droit à mon logement, le cœur, ô Docteur Barlet, plus pénétré, que je ne le puis dire, d’un délai si étrange & si peu prévu !