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Page:Rodenbach - Le Mirage, 1901.djvu/172

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n’as pas encore assez dévasté ma vie… Car tout à l’heure, Barbe, son départ immédiat, c’est à cause de toi et de la belle renommée dont tu jouis… Elle n’a pas voulu te servir… C’est pour moi une solitude de plus… Maintenant viendrait le tour de Joris… Ah ! non ! je me révolte, à la fin… Tout me revient, tout ce que tu m’as déjà fait souffrir, tous tes caprices, tes injures, tes amants, les hontes bues, mon grand deuil avili…

JANE, ricanant.

Cela devait venir, ta morte !… (Se levant de son fauteuil.) Mais à propos, c’est bien ici que tu l’honores… ta chapelle de souvenirs… (Elle va se placer devant le grand portrait au pastel.) C’est celle-ci, ta femme ? Ah ! non ! je ne lui ressemble pas… Elle a une vilaine bouche… (Ensuite elle se dirige vers une commode, prend une grande photographie encadrée.) Celle-ci me ressemble encore moins…

HUGHES, qui a suivi ses mouvements d’un air inquiet.

Laissez cela.