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BEETHOVEN

du jeune Beethoven que la presse académique ne traitera, i quelque trente ans plus tard, l’auteur de Cromwell et d’Her~ nani. Le romantisme de son style fait hérisser les perruques

— De l’autre, on voit Beethoven apparaître, dès le début du siècle, au jeune public allemand, pour qui il était la veille encore un inconnu, ce qu’il est resté pour nous, &es fervents d’aujourd’hui : l’ami, le compagnon, le « consolateur ». Le mot de « Trost » est le premier qui vient, sous la plume de Moschcles, quand il veut exprimer sa dette envers cette musique nouvelle. C’est donc une dette morale. Et le plus nouveau de cct art, c’est l’homme... « Et homo factus est !... » La musique s’est faite homme. L’homme du siècle nouveau. — Voilà le secret de cette révolution ! Une première observation que nous suggérera ce témoignage irrécusable d’un aussi bon musicien que Mosclieles, c’est l’insuffisance de la critique formaliste à pénétrer l’essence des grands phénomènes artistiques et, dans le cas présent, d’une révolution musicale. Quand on aura consciencieusement glané quelques épis tombés de la gerbe de Haydn, de Mozart, de Bach père et fils, et qu’on aura noté l’analogie de quelques-uns de leurs motifs ou de parcelles de leurs motifs avec des motifs beethoveniens, on n aura le plus souvent manifesté ainsi que sa propre incapacité à saisir le caractère vivant et distinctif de ces motifs, leur individualité. ■— J’ai épinglé dans ma collection quantité d’exemples véritablement effarants de la surdité mentale d’hommes de science et de goût, dont je respecte infiniment les recherches appliquées. Lorsque Thayer découvre dans les héroïques 32 Variations en ut mineur un mouvement de