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BEETHOVEN

tionnelles et indépendantes de la volonté, semble avoir moins satisfait Beethoven qu’elle ne l’a inquiété. On ne saurait trop insister sur l’ombre dans laquelle il rejette, par la suite, ce chef-d’œuvre h II se hâte d’échapper à l’emprise des forces aveugles et d’écrire, de toutes ses sonates, la moins passionnée, l’heureuse Pastorale ensoleillée (sonate en ré majeur op. 28). Et c’est alors qu’il dit à Krumpholz ce mot qui nous étonne :

•—■ « Je ne suis pas satisfait... Il me faut trouver un autre chemin...

Il n’est pas comme le Dieu de la Bible : il ne juge pas que l’ouvrage sorti de ses mains soit bien fait. Le constructeur, en lui, n’avait point la conscience en repos. Il était né charpentier. Avec un cœur exigeant, au rythme déréglé, il avait non seulement le respect, il avait la passion du métier, la probité acharnée, la joie presque manuelle du morceau que l’on taille, et l’impérieux orgueil, après avoir gagné ses lettres de maîtrise, de pousser plus avant la technique héritée de ses maîtres et de parfaire l’œuvre qu’ils lui avaient laissée. J’ai dit comment son esprit logique se plaisait au jeu 11. En faisant la part des douloureux événements personnels, qui avaient pu l’inspirer, et de sa répugnance à les évoquer.