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BEETHOVEN

appel aux ressources de construction contrapuntique ou harmonique. Selon la remarque judicieuse de Nagel, toutes les fois qu’il exprime la pleine force ou la plus haute joie, il se dépouille d’artifices, et sa langue musicale se fait très simple, harmoniquement h Admirons, d’autant plus, que, par la seule richesse des dessins, des rythmes et des accents, il ait pu faire sortir d’une graine de Volkslied, dans le champ du rondo, cette abondante moisson !

Les grandes œuvres que nous venons d’analyser, depuis le « neue Weg » — (depuis le changement de route) — de 1802, me frappent par cette ampleur nouvelle du développement constructif 1 2 •— et par une finesse d’écriture qui (à part le premier morceau de Top. 31 n° 2), vise beaucoup plus aux teintes estompées et aux lignes assouplies qu’au dessin accusé et aux oppositions tranchées d’ombres et de lumières, qui caractérisent le grand style habituel de Beethoven. Il semble — (et je le crois) — que Beethoven ait lui-même senti péniblement la gaine de ses discours napoléoniens, aux phrases lapidaires, taillées à même le bloc et à coups de maillet, — de ce style d’inscriptions romaines, creusées droites et carrées, — qu’il ait cherché à détendre la raideur cyclopéenne de ses membres, à s’évader de sa nature. Il y a réussi, puisque nombre de scs commentateurs ont avoué que si Top. 31 n° 1 (sonate en sol majeur) n’avait point paru sous son nom, ils ne le lui eussent pas 1. Exemples : le dernier morceau de la Symphonie en ut mineur, et le splendide second Finale de Fideîio. 2, Et pianistique.