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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Pour l’instant, elle a atteint son but : elle a cassé les reins à l’œuvre et fait saigner le cœur de Beethoven. Breuning écrit, le 2 juin 1806 qu’il est abattu et ruiné matériellement par l’échec : « rien ne lui a causé tant de chagrin ». -— En vain, le dévouement ardent des Lichnowsky lui cherche-t-il une compensation, en envoyant la partition à la reine de Prusse, pour que Berlin venge Beethoven de l’incompréhension de Vienne. Berlin se tait ; et il faut attendre, huit ans, la revanche. On ne publie en 1807 que trois numéros isolés de la partition, les moins caractéristiques U

A la fin de 1813, Beethoven bénéficiera subitement d’une popularité bruyante et passagère, qu’il ne doit pas à la musique, mais à la politique. La seule de ses œuvres qui soit indigne de lui, cette totale, nullité, la Bataille de Vittoria, qui célèbre Wellington, lui vaut les suffrages unanimes ; la cabale meme s’incline : car, cette fois, il est h son niveau ! Leonore en profite. La direction de l’Opéra cherchait une œuvre à monter, aux moindres frais possibles, pour le bénéfice de trois chanteurs : elle songe à Beethoven. Il consent à rajuster sa partition aux exigences nouvelles. Un homme de théâtre, le régisseur et poète Georg Friedrich Treitschke, refait une troisième fois le libretto ; il écarte le premier tableau chez Rocco, et le lieu de la scène est, dès le lever du rideau, la cour de la prison. Les caractères de Leonore et Florestan sont modifiés ; et 11. Le terzeito et le quatuor en canon du premier acte ; le duetio da femmes (Marceline, Leonore), éliminé plus tard de Fiddio.