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BEETHOVEN

Beethoven doit sacrifier quelques-unes de ses plus belles pages. Du point de vue théâtral, d’ailleurs, l’œuvre se tient mieux. Mais Beethoven ne s’v retrouve plus ; il gémit que cet opéra « lui gagne la couronne de martyr » erwirbi mir die Màrtirerkrone r>). Et il écrit une nouvelle Ouverture 1 — celle de Fidelio en mi majeur (n° 4), — moins inspirée, moins épique, réduite aux proportions théâtrales ordinaires. A ce prix, l’opéra réussit enfin, le 23 mai 1814. On le redonne vingt-deux fois à Vienne, puis dans d’autres villes, — à Prague (24 novembre 1814), sous la direction de Weber, qui saura s’en inspirer. Moscheles est chargé de réduire la partition pour piano ; et c’est au sujet de son travail que Beethoven, sous les mots : « Fini avec l’aide de Dieu », inscrira sa fameuse annotation : « O Mensch, hilf dir selber ! » (« O homme, aide-toi toi-même ! »)... Il en avait le droit. Il avait dû aider Dieu ! Mais si les représentations de 1814 réparèrent l’aiïront de 1805 et de 1806, ce ne fut que dix ans après qu’une actrice de génie, Wilhelmine Schrôter-Devrient, consacra la gloire de l’œuvre ; elle la répandit en Europe, à Paris, où le jeune Berlioz en conserva, toute sa vie, l’émotion sacrée 1 2.

Beethoven était mort sans avoir vu rétablir sa première 1. Non prête pour la première représentation du 23 mai 1814 { (on dut jouer, semble-t-il, l’ouverture des Ruines d’Athènes !) Mais elle était terminée, pour la seconde du 26 mai. 2. Il l’a rappelée, dans une de ses meilleures études du volume : A travers Chants.