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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

version, sa Leonore intégrale et ssns compromis ; — et il serrait sur son cœur, en ses dernières journées, « sein liebstes Schmerzenshind », comme la nomme Schindler, l’enfant chéri de sa douleur.

Qtj’est-ce donc que cette œuvre qui Ta tenu atta* ché jusqu’au dernier instant, et dont trois versions successives et quatre (sinon cinq) Ouvertures n’ont pas suffi à épuiser en lui la Sehnsucht, l’aspiration passionnée è la réaliser ? — Et remarquons-le bien : les Ouvertures ne sont pas simplement (à part la quatrième) des introductions à l’œuvre, mais d’autres réponses, indépendantes, au même problème, un effort renouvelé pour traduire l’idée de l’œuvre, en désespoir de cause, par les seuls moyens symphoniques ! — Pourquoi cet acharnement ? S’agissait-il pour lui d’un problème dramatico-musical à résoudre ? Certes, nous le verrons, Beethoven apportait, au théâtre musical, une forme nouvelle, et son instinct devait lui en faire sentir les difficultés et l’insuffisance de certaines réalisations. Mais n’eût-il pas été plus simple et plus conforme à sa nature, qui avait plus de bonheur à inventer qu’à refaire l, de reprendre le problème dans une œuvre nouvelle, au lieu de s’obstiner éternellement sur la même ? 1. Il l’écrit à Treitschke, en gémissant (avril 1814),