Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
250
BEETHOVEN

ses muscles d’Hercule à 01er le rouet de la petite geôlière, à décalquer Mozart en des scènes familières, à faire tenir sa musique de géant dans les chausses de quelques fantoches sortis de la boîte aux chansonnettes de Leipzig ou de Paris. Il va de soi qu’un tel labeur, chez un Beethoven, ne peut être absolument vain ; et ces premiers morceaux sont relevés par de fins détails d’orchestre, de délicates expressions du sentiment. Particulièrement réussis sont le quartelt en tanon, dont le développement vocalisé n’a pas été perdu pour le jeune Berlioz, dans son Benvenuto, •— et le duetto d’une tendresse innocente, sur de jolis dessins fleuris de l’orchestre 1, entre Marceline et Leonore. Mais il est visible que Beethoven n’est jamais piis au cœur, il travaille en écolier des petits-maîtres de Singspiele. Toute cette première partie du premier acte, cette station de demi-altitude — celle où fleurit Mozart — est froide et sent l’imitation, non de la nature, mais du livre. Môme dans la seconde moitié de l’acte, les scènes et les personnages qui ne sont pas en sympathie avec les pensées de Beethoven ou avec ses passions, ne sont qu’à demi réussis. Le Pizarre est un traître de mélodrame, qui ne manque pas de gran-Lc duo de Marceline et de Jaquino, cette ombre de Mozart, exige do Beethoven une peine acharnée, mesure par mesure, afin de trouver l’accent et la mélodie convenables. De même, pour les trois numéros qui suivent. Et ce premier travail disproportionné n’a même pas suffi. Saul l’air de Marceline, Beethoven n’en a rien conservé. 1. Soli de violoncelle, hautbois et bassons. Ce duetto (n° 10), absolument déplacé dans le drame, a été supprimé des représentations. Mais il mérite d’être connu ; et les concerts devraient l’inscrire à leur répertoire,