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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

L’ouverture n° 4, en mi majeur, est plus complaisante ; elle nous introduit dans la prison de Florestan par l’escalier de service. Elle est destinée au premier acte petit-bourgeois, sans être pourtant en contre-sens à l’idée générale de l’œuvre. Le lion Beethoven s’y est revêtu d’une peau de Singspiel. On l’y reconnaît, malgré tout. Mais les spectateurs au cœur faible ne seront pas effarouchés. A peine si le drame où on les mène s’annonce discrètement, sous la forme la plus atténuée : quelques mesures adagio de méditation, de prière, sans angoisse, sans ombre tragique, au début et à la ün, juste avant la Coda. Puis, un presto brillant, scintillant, presque une ronde, à la Weber. Je pense, irrévérencieux, à Bottom, quand il veut faire le lion :

— « ... Je vous rugirai aussi doucement qu’une colombe à la becquée... »

Le lion, ici, rossignolise...

Acceptons, sans enthousiasme, cette Introduction ! C’est la seule possible, en l’état actuel du drame, que Beethoven n’a pu dégager suffisamment de la trop longue comédie bourgeoise du premier acte.

Mais que ferons-nous des deux grandes ouvertures en ut majeur ? Nous faudra-t-il les sacrifier ? Les renverrons-nous ou Concert ?

Je crois que, pour l’ouverture n° 2, nous devons nous y résigner. Elle est un drame trop complet, elle ferait double emploi avec l’autre ; elle se suffît à elle-même. Pour l’ouverture n° 3, la question se pose autrement. Ce n’est, plus, comme la précédente, un résumé de l’action ; c’est son efflorescence lyrique, c’est sa transposition sur