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BEETHOVEN

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zaine d’insouciance heureuse, qu’inaugura la visite à Beethoven.

Par tout ce qui précède, on imagine combien ils devaient s’entendre avec lui. Le libre fils du libre Rhin, l’indompté, qui étouffa toujours dans les murs d’une cité, dut voir venir à lui, avec une joie éclatante, les petites dryades qui lui apportaient, avec l’air et J’odeur des forêts et des plaines, h ur jeune enthousiasme. -—• Mais il fallut aller le chercher. au haut de ses trois étages de la place St-Pierre. Beethoven ne se dérangeait point pour faire visite à quelque Excellence que ce fût, à moins qu’elle ne fût jeune et jolie. Il attendait, sur son Mont Ida. Leurs Excellences : Tesi (Thérèse), Pepi (Joséphine), et la mère, escaladèrent allègrement les marches raides.

Thérèse nous a laissé de cette excursion un si charmant récit que je ne résiste pas au plaisir de le redire :

— « Ma sonate de Beethoven avec accompagnement de violon et de violoncelle 1 sous le bras, comme une fillette qui va à l’école, j’entrai. L’immortel, le cher Louis van Beethoven fut très aimable et aussi courtois qu’il le pouvait. Après quelques phrases de part et d’autre * 2, il m’installa à son piano Un des trios, op. 1. — On aimerait à penser que le poétique largo en mi majeur de l’op. 1 n° 2, fut le premier entretien de Thérèse avec Beethoven.

2. En français dans le texte. Thérèse entremêle constamment, surtout dans son Journal, le français et l’allemand. Des pages entières sont en français. C’était la « langue favorite » de sa mère. « Elle ne pouvait pas comprendre, ajoute Thérèse, comment je pouvais trouver plaisir à la prolixité allemande. » [Mémoires],