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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

désaccordé, et je commençai aussitôt ; je jouais bravement, et je chantais F accompagnement de violoncelle et de violon. Il en fut si transporté qu’il me promit de venir chaque jour dans notre hôtel du Griffon d’or. C’était dans la dernière année du siècle passé, au mois de mai 1. Il tint parole ; mo is au lieu de rester une heure, depuis midi, il en restait quatre et cinq : il n’était jamais las de relever et de courber mes doigts, que j’étais habituée à tenir à plat et tendus en les levant 2. Le noble (artiste) 3 doit avoir été très satisfait de moi : car pendant seize jours, il ne manqua pas une seule fois. Nous ne nous apercevions pas de la faim, avant cinq heures de Vaprès-midi. La bonne mère jeûnait avec nous» Mais les gens de l’hôtel étaient indignés... « C’est alors que fut conclue avec Beethoven l’amitié intime, l’amitié de cœur, qui dura jusqu’à la fin de sa vie. Il vint (chez nous) à Ofen, il oint ci Martonvâsâr ; il fut reçu dans notre République (Societâts-Republik) de personnages d’élite. Il y avait (dans le parc) un rond-point planté de superbes tilleuls : chaque arbre avait reçu le nom d’un membre (de notre société) ; et même en l’absence douloureuse de ceux-ci, nous nous entretenions avec leurs représentants (Sinnen* bildern), et ils nous informaient. Très souvent, le matin, après le bonjour échangé, je demandais à l’arbre et ceci et cela que je voulais éclaircir ; et jamais il ne me laissait sans réponse !... »

1. Par conséquent, en mai 1799.

2. Thérèse avait pris des leçons de clavier avec un organiste, maître des chœurs à la cathédrale S1 Peter, de Vienne. 3. « Der Eide... »