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BEETHOVEN

« Les dix-huit jours à Vienne furent occupés sans répit. Mère nous conduisait aux fabriques et aux ateliers ; tout ce quon pouvait voir nous fut montré. Tante Finta, une dame du monde avec quatre filles, arrangea des promenades : Prater, Augarten, Lustgarten à Dornbach ; et partout, on goûtait. Théâtre. Les soirs, on dansait. Et, au retour, à l’hôtel, entre dix et onze heures, on prenait des glaces au Graben, on riait, on plaisantait. A quatre heures du matin, on se retrouvait debout, déjà, et habillées, pour courir, dès cinq heures, dans les champs... Ah ! c’en était une vie ! Et Beethoven qui était aussi de toutes les parties, devait être cependant satisfait ! C’était une passion1 ! Donc, la nuit, il fallait s’exercer (au piano) ! Les voisins, désespérés, décampaient. Nous étions jeunes, fraîches, enfantines, naïves. Qui nous vouait, nous aimait. Les adorateurs ne manquaient point... 9 Beethoven qui ne les quittait plus, leur dédia 1 2, au départ, les Variations à quatre mains sur le lied : « Ich denke dein » {« Je pense à toi... ?>)

Hélas ! quelques semaines après, l’une des deux, la plus jeune et la plus jolie, Joséphine, était mariée, malgré ses larmes, à un homme de cinquante ans qu’elle n’aimait pas et que lui imposait une mère impérieuse, indifférente aux volontés des filles, et de peu de jugement 3. 1. « Das war eine Passion !... *

2. A Thérèse et à Joséphine.

o. Le Comte Jpseph Deym, directeur et propriétaire (sous le nom de Müller) d’une célèbre Galerie d’Art. — Le récit, par Thérèse, de la rencontre avec Deym, du coup de foudre qu’il reçut à la vue de Joséphine, de l’habileté de son jeu à capter le3 bonnes grâces de la