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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

La musique et Beethoven lui furent une consolation,

— en attendant la venue (qui ne tarda point) de ses enfants, qu’elle adora. Pendant l’automne et l’hiver 1800, Beethoven visite Pepi assidûment ; il vient tous les trois jours lui donner des leçons, et il est a scharmant » 1... Us se sentaient d’autant plus rapprochés que la pauvre Joséphine, bien que mariée h un comte authentique, se trouvait, avec lui, mise en quarantaine par l’aristocratie. Il y avait très longtemps, le comte Deym, son mari, avait dû, à la suite d’un duel malheureux, disparaître sous le couvert d’un nom roturier ; et maintenant qu’il reprenait son titre, ses pairs refusaient de le reconnaître. Ils vivaient donc isolés : ce dont il se consolait aisément, avec sa jolie femme. Mais elle, n’avait pas les mêmes raisons de se satisfaire de sa société. Aussi, celle de Beethoven lui en était plus chcre ; et l’aristocratique jeune femme qui, plus tard, devait durement reprocher à sa sœur Thérèse des manières et des goûts mère, de la scène des fiançailles imposées, et du désespoir de Joséphine, en larmes, se jetant au cou de sa sœur, après avoir dit Je fatal « Oui », et la suppliant d’épouser Deym à sa place, -— est encore une des meilleures pages — ironique et touchante — des Mémoires. Elle vaut d’être connue.

Deym ne manquait point de valeur, et il était digne d’estime. Joséphine en lui refusa pas la sienne, ni même, généreusement, son aiTection, après que, l’année suivante, Deym, en partie ruiné, se vit rejeté par la mère, qui avait fait ce mariage imprudent. Mais les lettres, si tendres, de Joséphine à ses sœurs, montrent sa mélancolie et souhaitent que ses chéries soient plus heureuses qu’elle et plus libres dans leur choix. (La Mara : Beethoven und die Brunsvihs). 1. Lettre de Joséphine, 28 octobre 1880. C’était pourtant l’époque où Beethoven était le plus souffrant.