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BEETHOVEN

« ouvraient un nouveau chemin », (de la déclaration même de Beethoven) •— après les deux sonates quasi una fantasia, la « Pastorale » et les deux premières op. 31 (parues en août 1802) — étaient aussitôt portées à Joséphine, qui les lisait avec ravissement et écrivait à Thérèse : « Ces œuvres anéantissent tout ce qui a été écrit avant. 1 »

On conçoit que Beethoven soit toujours plus attiré par cette femme qui le comprend si bien, par cette belle et bonne, intelligente, artiste, pleine de grâce et d’esprit, dont le charme avait conquis Vienne. Son pouvoir de séduction était d’autant plus irrésistible qu’il était plus innocent : selon le mot d’un de ses soupirants passionnés, « elle ne s’en doutait pas 2. »

On voit, dans sa correspondance, Beethoven qui s’empresse auprès d’elle, qui se fait exigeant, impérieux 3. Il 1. « welche aile vorker gehenden vernichten ». 2. Lettre du comte Wolkenstein à Thérèse, 18 juin 1S06. — Il lui confie son amour pour Joséphine, le coup de foudre qui l’a frappé, à leur première rencontre, « sa force enchantée » («. ihre Zauberkraft... Ihrer unbewusst, entïücket sie um so mehr r.) (La Mara.) Thérèse, qui trace de sa sœur, en 18G9, un ravissant portrait où elle se compare à elle et se déprécie humblement, dit : a II est certaines personnes qui, par u :ie volonté ferme, ont su atteindre à une élévation, où l’ont peut ensuite se laisser aller sans risques ; on s’y repose sans jamais être exposé à devenir bas et commun ; en ces personnes, tout est enobli, jusqu’à la nonchalance. J’ai cet exemple sous les yeux : jamais Joséphine ne sera commune, quoiqu’elle s’abandonne et ne se gêne plus. Elle est toujours bien, et gracieuse, et élevée ; elle s’est acquis un tact, un goût fin à la perfection ; et tout ce qui n’est pas tel lui répugne... Et voilà ce goût épuré pour ce qui est beau et non beau !... » (Journal inédit, en français dans le texte.) 3. Lettre de Joséphine, octobre 1803 : a Beethoven est si ardent à