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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

ne s’agit encore qiie de musique ; ou la musique est le pré» texte.

Mais, à la fin de l’année 1803 le mari Deym disparaît. Une pneumonie l’enlève en quelques jours, l’hiver, à la suite d’un voyage à Prague, Il laisse sa jeune femme avec quatre enfants et des affaires embrouillées, où elle n’entend rien A La santé de Joséphine est, à dater de ce temps, ébranlée. Elle souffre de fièvres nerveuses, dont elle ne se remettra jamais 2. Le chagrin de son deuil, Son désarroi, l’aristocratique fragilité de cette plante de serre que brise un souffle un peu rude, la livrent aux surprises du sentiment. Et Beethoven, de qui ne la sépare plus la barrière, de l’honneur conjugal, voit aussitôt s’ouvrir la porte de l’espérance. Sa passion s’enflamme. Dès l’été 1804, il est le voisin de campagne de Pepi, et il la voit souvent 3. Mais la tâche (eiîrig), il exige (verlangt) que je le sois aussi ; vous pouvez vous figurer ce que cela veut dire !... »

1. Sur la situation matérielle des Deym, à cette époque, — sur la Kunstgallerie, que Deym possédait et dirigeait, — sur cette immense bâtisse, avec quatre-vingts chambres meublées à louer — je passe sans insister. On trouvera les détails dans les deux petits livres de La Mara, et dans les Mémoires de Thérèse.

2. Toute cette race des Brunsvik, si affinée d’esprit et de cœur, avait les nerfs fragiles. Joséphine mourut d’une consomption nerveuse (Nervenschwindsuchl). Sur ses six enfants, cinq moururent jeunes. Sa mère souffrait de fièvres nerveuses. Son frère Franz fut, jusqu’à sa maturité, maladif et pas très normal d’esprit. Thérèse, la plus débile dans sa jeunesse, sut le mieux résister, et survécut à tous. Mais elle eut des luttes continuelles à livrer contre sa propre nature. 3. Joséphine, souffrante, avait dû louer une maison de campagne, à Ilietzing ; et Thérèse, qui lui tenait compagnie, écrit, en juin 1804 ; e Nous avons fait visite à Beethoven. qui a très bonne mine (sehr gut