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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

deux âmes en une, mariées et opposées, discutant, bataillant, corps à corps enlacées, sait-on si pour la guerre ou pour l’embrassement ?… Mais l’une est la voix du Maître. Personne ne s’y méprend.

Vers 1800, Beethoven le conteste, tout en le reconnaissant. Sans cesse, la lutte reprend. À chaque fois, le Maître imprime dans l’âme son sceau brûlant. Et il guette l’incendie. Il attend. Ce n’est encore que le premier feu qui s’allume, au souffle faible d’Amenda, le religieux ami[1]. Mais la flamme et le bûcher sont prêts. Vienne le vent !…

Le voici.


Le mal qui fond sur lui, entre 1800 et 1802[2]. comme l’orage de la Pastorale — (mais on ne reverra plus le jeune ciel dans sa fleur) — le frappe dans tout son être à la fois : dans sa vie sociale, dans l’amour, et dans l’art. Tout est atteint. Rien n’échappe.

1. Un jeune théologien de Courlande, l’un des deux ou trois amis que Beethoven déclare avoir le plus aimés. Ils vécurent ensemble, en 1798-99.

2. L’ouïe de Beethoven était excellente, jusqu’à l’époque où nous entions. Il était fier de son extraordinaire finesse et précision… « Un sens, que j’ai possédé dans la plus entière perfection, dans une perfection, comme peu de musiciens Vont jamais possédée !… », écrit-il dans son Testament désespéré de Heiligenstadt (6 octobre 1802).

Le docteur Aloys Weissenbach confirme cette assertion : « Jusqu’à l’accident qui détermina la surdité, il était unübertrefflich zart umi

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