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BEETHOVEN

Tant qu’il lui restera une lueur dans la prunelle, il ira en avant.

Et l’imminence de la nuit qui vient exalte la fureur créatrice…


Elle exalte aussi l’amour.

Beethoven est un possédé d’amour. Le feu brûle sans arrêt, de son adolescence à l’ombre des derniers jours. On connaît le mot d’un de ses intimes, qu’  « il ne fut jamais sa ? is une passion au cœur ». Sensible à la beauté, il ne peut voir un joli minois sans s’enflammer[1]. — À la vérité, de ces flambées, aucune ne dure longtemps ; l’une fait oublier l’autre. (Il se vante, le fat, que la plus longue a été de sept mois !…) Mais ce n’est ici que la première zone de l’amour. Après, il y a les passions sacrées, celles qui laissent dans l’âme, pour toujours, la « Wonne der Wehmut », la blessure par où le sang ne cesse plus de couler. Il y a t les petites amies » [2]. Il y a les aimées. Et il y a « Y Immortelle Aimée »… Entre les unes et les autres la limite, chez un Beethoven, est souvent difficile à tracer. Plus d’un de ces petits feux qui commence par jeu et s’achève en brasier…

1. Ries.

2. Titre d’un volume de M. A. de Hevesy, mais à tort appliqué à deux femmes remarquables qui ont été des amies fidèles et aimées, Joséphine et Thérèse, comtesses Brunsvik.

Voir la Note III, à la fin.

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