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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/255

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

per par les tracas de ménage et par le : « Miser et pauper sum » du Journal, dont nous avons montré l’exagération manifeste[1]. Gémir, maudire, invectiver, n’empêchait point Beethoven, en cette année, d’empoigner sa création musicale en de furieux corps-à-corps, de chanter à pleine voix fausse, de boire et rire à gorge déployée, et d’exulter. En ce même été 1819, tandis qu’il se colletait avec son Credo, il écrit des valses villageoises, pour un petit orchestre rustique de sept instrumentistes, qui font danser, dans une auberge de « Briel » (Brühl), près de Môdling. — Et, au sortir du champ de bataille qu’évoque Schindler, quand il revient à Vienne prendre ses quartiers d’hiver, il est rajeuni, de dix ans. Ses amis lui disent :

— « On m’a demandé quel âge vous avez ; on vous donnait 36 ans. (Il en a 49). C’est merveille, de voir votre air jeune et sain ![2] Ce n’est pas chose fréquente, à Vienne ![3] ».

Nous avons plusieurs images de lui, en ces années : —

  1. Cette plainte date, d’ailleurs, du début de mai, c’est-à-dire avant l’arrivée à Mödling.
  2. « Ihr fugendlich gesundes Aussehen. »
  3. Konversationsheft, éd. W. Nohl, p. 164, automne 1819, à Vienne. Un peu plus loin, les amis plaisantent Beethoven, au sujet d’une veuve qui l’aime et qui voudrait l’épouser. Et (Beethoven ayant probablement rebuffé l’offre), on ajoute : « À défaut d’une femme, ça ferait une maîtresse ! », (p. 172).

    Les plaisanteries matrimoniales ou gaillardes sont fréquentes, dans les Cahiers de cette année. Elles entrelardent les allusions à la Messe, ou à un projet d’oratorio. Il est beaucoup question, notamment, de la « schône Frau », la très légère Mme v. Janitschek, qui « demande, à tout instant, après Beethoven » (p. 308, janvier 1820)… « Auch sollen Sie bey der Frau v. Janitschek geschlafen haben » (p. 331, février 1820).