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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/256

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BEETHOVEN

en 1818 par le peintre Kloeber ; — en 1819 (décembre), par le peintre Schimon et le miniaturiste Daffinger ; — en 1820 (janvier à mars), par le peintre Stieler[1]. Elles ne donnent pas l’aspect réel du modèle : Beethoven ne posait pas volontiers ; il était impatient, ou il se figeait ; et les peintres manquaient de génie, pour dérober le feu rentré sous l’écorce. Néanmoins, leurs indications sont précieuses ; elles aident à reconstituer l’étoffe de Beethoven vivant ; et Kloeber les a complétées par des notes écrites intéressantes.

Il vit Beethoven, pendant l’été 1818, à Mödling, — donc dans les premiers mois de la résurrection ; et je dirai de son beau dessin à la craie[2] qu’il est le reflet (mais attiédi) de l’op. 106. La grande sonate naissait alors sous ce large front. L’aspect général est d’une majesté sérieuse et calme. Peu d’ombres subsistent de l’abîme, pourtant si proche, de 1817 ; et l’on peut mesurer le chemin parcouru dans les cinq ou six dernières années, quand on compare ce dessin au deuxième portrait, soucieux, inquiet, incertain, de Mahler (1814-5), ou au sombre et violent masque de 1812. Auguste v. Kloeber a sans doute trop atténué l’énergie ; et le rude et rustique combattant prend trop chez lui la dignité d’un professeur-docteur d’Université, gourmé dans

  1. Les Cahiers de Conversations font mention des séances de pose qu’il donne à Schimon (p. 216), à Daffinger (p. 273), et à Stieler (pp. 327, 337, 377, 408).
  2. Le dessin original de Kloeber esta Leipzig, chez C. Peters. Kloeber avait fait une grande peinture de Beethoven avec son neveu. Elle a disparu.