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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/259

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

(édition de 1845)[1]. — Il vaut surtout par la curieuse musculature du menton (vraisemblablement trop soulignée)[2] et par l’expression du regard tendu en haut et de côté. Schimon n’était parvenu à le saisir qu’au cours d’observations répétées, au café, où l’attention de Beethoven se crispait pour s’abstraire de l’atmosphère bruyante de la salle. Mais cette expression qui, de l’avis de Schindler, était une des plus caractéristiques de Beethoven en ce temps, est certainement insuffisante à rendre l’ampleur vivante de sa personnalité. Schindler lui-même en convient, dans les lignes où il fait l’éloge de Schimon. Le moment choisi par Schimon témoigne moins de cette « Erdenentrücktheit » (détachement de la terre), qui frappait Schindler, pendant la composition de la Messe, que d’une douloureuse nostalgie. Et Schimon n’a pas su retrouver l’accent émouvant, qu’elle trahit dans la musique. L’ensemble n’échappe pas à l’impression d’une bouderie maussade. Avec des détails non sans énergie, la figure a quelque chose d’enfantin ; l’œuvre manque de grandeur.

Josef Stieler portraiture aussi Beethoven, pendant la

    pose, car il était alors plein de son travail de la Missa Solemnis ; et il déclara qu’il ne pouvait sacrifier aucune heure de son temps » (ibid.).

  1. On en trouvera de meilleures reproductions dans le Beethoven de Albert Leitzmann, t. I, p. 224, dans le Beethovens Leben in authentischen Bildern u. Texten de Stephan Ley, 1915, édit. Bruno Cassirer, p. 95, et surtout dans le Beethoven de Walter Riezler, p. 120. — L’original est au Beethovenlraus de Bonn.
  2. « …Dans le dessin de la bouche solidement fermée et du menton musculeux, aucun autre portrait n’a été plus près de la vérité » (Schindler).