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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/260

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BEETHOVEN

composition de la Messe ; et même, il l’a représenté écrivant le Credo[1]. Il réussit à le faire poser deux ou trois fois[2], — ce qui était une faveur rare. Mais, à l’inverse de Schimon, il s’est beaucoup moins préoccupé de saisir quelques détails caractéristiques au détriment de l’effet d’ensemble, que de construire une image idéalisée, noble et pensive, du génie, où rien ne choque, où rien n’étonne, et tel que l’attend l’avenir. L’avenir n’a point manqué d’en faire son choix. Et Stieler a eu cette gloire, pas très enviable, d’avoir créé le cliché Beethovenien[3].

Au bout du compte, il nous faut malheureusement constater qu’aucun artiste de ce temps — ni d’aucune autre époque de la vie de Beethoven[4], n’a réussi à jeter son filet sur l’image vivante de Beethoven. Elle était toujours en

  1. Cf. p. 232 de l’op. cit. de A. Leitzmann, t. I — et p. 93 de l’Appendice à la grande édition du Beethoven de Paul Bekher.
  2. Dans les Cahiers de conversations, en janvier-février 1820, on voit Stieler demander à Beethoven : — « Asseyez-vous donc, s’il vous plaît, comme si vous écriviez, pour essayer la pose ! » — Et ensuite : — « Quand je vous ferai un signe, je vous prie de rester dans la pose où vous serez exactement… »

    Puis, Beethoven se lassa ; et le reste du portrait fut fait, de mémoire.

  3. Nous ne devons pourtant pas lui dénier cet intérêt historique d’être le seul portrait qui représente Beethoven, écrivant la partition même de la Messe. — Il semble que c’étaient les Brentano, de Francfort, qui patronnaient et encourageaient Stieler.

    Schindler critique le portrait, parce qu’il représente Beethoven, le front baissé, et non levé, — qui était, assure-t-il, son attitude habituelle, même dans l’adversité.

  4. Les deux meilleurs, à mon sens, ou les moins mauvais, sont ceux de Blasius Höfel d’après Letronne, en 1814, et de Waldmüller, en 1823.