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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/278

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BEETHOVEN

double liane. Plus il cherche à s’en dégager, plus elle se fait prenante (poco ritard). C’est comme des bras, qu’on voudrait dénouer. Et quand un effort colérique (mes. 92-93) semble avoir brisé leur chaîne, elle se renoue, comme une Omphale, qui redouble de tendre séduction (cantabile dolce ed expressivo, mes. 101 et suiv.).

On remarquera que Beethoven, arrivant au terme de cette première partie du tableau, se soumet encore à la tyrannie de l’alourdissant da capo. Est-il possible d’y chercher une excuse psychologique, dans la volonté de recommencer le même combat, de reconquérir le même terrain, avant de poursuivre son avance ?

La Durchführung (le Développement), qui va déborder les proportions habituelles, est conçue sous le signe de la fugue. Nous reviendrons plus loin sur l’emploi généralisé de cette forme dans les œuvres de la dernière époque de Beethoven. Au fond, il y avait harmonie préétablie entre elle et le tempérament Beethovenien, avec son caractère inné de raisonneuse disputation ou de raisonnement entêté : l’idée maîtresse règne et s’impose, se répète à divers étages, se superpose à elle-même ; elle se rabâche, à la façon de ce prophète de Michel-Ange, qui discute opiniâtrement avec soi.

Que discute-t-il ?

Le point de départ est dans les deux notes du premier élan. Elles retentissent, en rauques sonneries de fanfare, par deux fois, comme un appel (mes. 134-137) :