Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/139

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leur délicatesse de cœur, leur pudeur instinctive. Seulement, ils avaient secrètement décidé de se donner l’un à l’autre, avant que l’aveugle cruauté des hommes ne les séparât. Ils ne se l’étaient point dit. Ils se le dirent, ce soir-là.

Une ou deux fois par semaine, la mère de Luce était retenue à son usine par le travail de nuit. Ces nuits, Luce, pour ne pas rester seule dans le quartier désert, couchait, à Paris, chez une amie. On ne la surveillait pas. Les deux amoureux profitaient de cette liberté pour passer une partie de la soirée ensemble ; et parfois, ils prenaient un modeste dîner dans un petit restaurant. Au sortir du repas, ce soir de la mi-mars, ils entendirent sonner l’alerte. Ils s’abritèrent au refuge le plus proche, comme