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Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/46

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comme le remarque Brownson, ce beau génie américain, cet illustre converti, ce catholique de tout cœur, catholic to the core :

« To will is always in our power, for will is always free. Will strongly, will firmly, will constantly, and fear not but you will execute, in due time, bravely and successfully. »

Espérons donc, espérons et travaillons en conséquence : il y aura toujours des âmes d’élite qu’un mouvement d’héroïsme détachera de la masse égoïste et entraînera dans une voie exceptionnelle de perfection et de sacrifices : — la voie des conseils évangéliques !

Allez, vous ne connaissez pas le cœur humain, vous qui croyez obtenir de lui l’accomplissement du devoir, en ne lui proposant que le devoir.

« Il suffit, nous dit le Solitaire Auvergnat, d’un peu de philosophie pour comprendre que les préceptes ne seront pas observés là ou les conseils ne le seront pas : en morale, on n’arrive au positif qu’en visant au superlatif. »

Pour exciter notre ferveur et nous animer dans la voie de la perfection, nous ne devons pas chercher des exemples autour de nous, mais dans les Saints qui nous ont précédés, et qui nous sont proposés comme des modèles encourageants : ils étaient des hommes comme nous ; nous devons être des Saints comme eux.

Nous ne pouvons mieux finir ce chapitre que par une leçon d’humilité ;


Humility, that low, sweet root,
From which all heav’nly virtues shoot ;


(MOORE.)

et c’est Brownson qui nous la donnera. Ce n’est pas en jugeant ses frères, mais en se jugeant soi-même sévèrement, que l’on devient un Saint.

« In this world, we are not, save in the Saints, to look for perfection. The characters of all are a mixture of good and evil. None, or, at best, very few, under the human point of view, are totally depraved, destitute of every generous feeling, of every noble quality ; and even the best must mourn over their own shortcomings. We have no right to exclude any human being from our sympathy, or from our love. Alas ! who are we who demand perfection in others, and claim the right to exclude from our kindness and respect those who may have fallen ? Let us look into our own heart, recall our own past lives, and see what we have been, and what we are. What have we whereof to boast, in the presence of this erring brother or this fallen sister ? Alas ! who that knows himself, the rottenness of his own heart, the baseness of his own conduct, and feels in his conscience the load of guilt he has incurred, can look upon himself in any other light than as the very chief of sinners ? Our religion commands us, while we are inexorable in judging ourselves, to be lenient in judging others ; and as long as we feel it but reasonable, as we all do, that we should be loved and esteemed, notwithstanding our vices and crimes, how can we deem it just to withhold our love and esteem from others, who, after all, may be far less vicious, less criminal, in the sight of God, than ourselves ? » (Brownson’s Review, 1848, oct. p. 500, 501.)»

C’est en ce sens, que l’humble Saint François d’Assise se croyait, et se disait le plus grand des pécheurs !

N’oublions pas enfin une vérité importante : si nous voulons devenir des Saints, si nous voulons suivre les traces de Jésus-Christ, nous ne devons pas rechercher et compter pour quelque chose l’estime, les applaudissements et les récompenses des hommes ; nous ne devons pas craindre et fuir le ridicule, le mépris et les humiliations. Ne craignez pas, disait Saint-François d’Assise à ses premiers disciples, ne craignez pas de paraître petits et méprisables, ni d’être traités de fous et d’insensés par les hommes… L’homme n’est dans la réalité, que ce qu’il est aux yeux de Dieu.

Ainsi, c’est par les humiliations