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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/175

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MIRABEAU.

qu’un jour, avec ce vieux dicton, répété vingt fois, Berryer nous a tenus haletants pendant toute une heure. Berryer ne se souciait guère des citations et du latin ; il se rappelait assez peu les adages de l’école, et il n’aurait pas trouvé celui-là. C’était Dupin l’aîné qui venait de laisser tomber ces deux mots, en causant, un instant avant l’audience ; mais ils résumaient d’une façon si frappante tout le procès, qu’une fois l’orateur debout, ils sont venus d’eux-mêmes, et comme malgré lui, se placer sur ses lèvres.

En lisant ses discours, Mirabeau ne faisait que suivre l’usage et la mode de son temps. Il nous le dit lui-même : « À l’Assemblée, c’étaient des délibérations qui ressemblaient plutôt à des séances académiques qu’à des débats approfondis et réguliers ; des discours laborieusement travaillés dans le silence du cabinet, prononcés avec solennité à la tribune aux harangues ; où l’on observait plutôt la différence des compositions que celle des pensées ; où chacun, plus empressé à soutenir son opinion qu’à discuter celle des autres, répondait ordinairement à tout, excepté à ce qu’on avait dit. » — « J’ai autant parlé que lu «, ajoute-t-il avec orgueil à propos d’un de ses plus beaux discours.

Au reste, ce qu’il faut admirer le plus, dans Mirabeau, ce ne sont pas les grands coups d’éloquence, comme dans la discussion sur le veto royal, comme dans le discours sur le droit de paix et de guerre ; c’est la suite, l’enchaînement solide des idées, la