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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/50

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MIRABEAU.

Mais le point capital de ce petit poème, c’est la visite de fiançailles que le chevalier de Mirabeau et sa maîtresse font un beau matin à l’amant éconduit ; et cette scène touchante où le bon Mormontel, « après avoir beaucoup pleuré », finit par leur offrir à tous les deux « une tasse de café au lait servie par son savoyard », et déjeune avec eux de bon appétit.

Quoi qu’il en soit, Mlle Navarre paya cher sa conquête et son titre. S’il faut on croire la légende à défaut de documents bien certains, le marquis de Mirabeau essaya sur les nouveaux époux tous les engins de persécution qu’il devait plus tard émousser contre son fils : lettres de cachet, mandats de police, et le reste,… sans compter les épîtres furieuses où sa bile féodale se répand en flots d’amertume sur ce monstrueux forlignage ; mais il n’eut pas le temps de pousser plus loin sa vengeance. Moins d’un an après son mariage, la pauvre femme mourait à Avignon, pleurée par Marmontel et par beaucoup d’autres, mais sans que la famille de Mirabeau se crût obligée de prendre le deuil.

À quoique temps de là, deux voyageurs passaient par Avignon et s’y arrêtaient pendant quelques jours. C’étaient le margrave de Bayreuth et sa femme, sœur de Frédéric II. Le jeune comte de Mirabeau leur vint faire sa cour, avec toute la noblesse du pays. Du premier coup, il plut aux deux Altesses, qui lui proposèrent de les suivre en Italie, avec un de ces vagues emplois dont un titre de cour remplit le vide et relève l’importance.