Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/131

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commencer par le bien remplir pour pouvoir devenir échevin et prévôt des marchands ; au lieu qu’à Paris les administrateurs sont tels par état pour leur vie ; ils s’arrangent pour tirer le meilleur parti possible d’un emploi qui n’est point pour eux une épreuve, mais un métier, une récompense, un état attaché, pour ainsi dire, à d’autres états, n’y a certaines places dont il est convenu que les administrateurs seront augmentés par le droit de voler les pauvres.

Et qu’on ne pense pas que ce travail demande plus d’expérience et de lumières que n’en peuvent avoir des jeunes gens ; il ne demande qu’une activité à laquelle ils sont singulièrement propres ; et comme ils sont d’ordinaire moins avares, moins durs dans l’exaction que les gens âgés, sensibles, d’une part, aux misères du pauvre, et de l’autre, intéressés fortement à bien remplir un emploi qui leur sert d’épreuve, il s’y conduisent précisément comme il convient à la chose.

Chaque paroisse rendra ses comptes à la piève, celui de chaque piève à sa juridiction, et celui de chaque juridiction à la chambre des comptes, qui sera composée d’un certain nombre de conseillers d’État. Le trésor public consistera de cette manière, pour la plus grande partie, en denrées et autres productions réparties en magasins dans toute la république, et pour quelque partie en argent, qui sera mis dans la caisse générale après avoir prélevé les menues dépenses à faire sur les lieux.

Comme les particuliers seront toujours libres de payer leur contingent en argent, ou en denrées, au taux qui sera fait tous les ans dans chaque juridiction ; le gouvernement, ayant une fois calculé la meilleure proportion qui doit se