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Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/61

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aurait vécu à Beaumont pour administrer les affaires véreuses de Bigot ; d’autres, plus entreprenants, ont avancé qu’Estèbe avait des entrepôts sur les grèves de Beaumont où il cachait les denrées qu’il achetait à vil prix des habitants de la rive sud et revendait ensuite au Roi avec cent pour cent de profit. Tout ceci est de la pure fantaisie. Une seule allumette peut causer un incendie considérable. De même, le plus petit point de départ peut faire naître les légendes les plus invraisemblables. Ce qui a fait croire à plusieurs qu’Estèbe avait habité Beaumont c’est que le 3 novembre 1733, il y épousait Cécile-Élisabeth Roberge, fille d’un respectable habitant de Beaumont. Mais il avait connu sa femme à Québec où elle habitait depuis quelques années et il ne retourna peut-être jamais dans cette paroisse après son mariage.

Originaire de Notre-Dame de Niort, dans le Poitou, Guillaume Estèbe, très pauvre, passa dans la Nouvelle-France un peu avant 1729. Comme il n’aimait pas la culture de la terre, il s’établit à Québec et y commença un petit commerce. Un document de 1729 le qualifie de marchand forain.

Intelligent, ambitieux, peu scrupuleux sur les moyens, Estèbe ne resta pas longtemps dans la situation quelque peu inférieure de marchand forain. En moins de dix ans, il devint un des importants négociants de Québec.

Dès 1736, le gouverneur de Beauharnois proposait Estèbe comme membre du Conseil Supérieur.