Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ferme humide, elle fermente, s’échauffe, & l’huile qu’elle renferme se vicie, (Voyez le mot Huile) & diminue en quantité. L’écorce qui revêt l’amande de la graine est remplie de mucilage ; on peut s’en convaincre en jetant quelques graines dans l’eau, & on verra bientôt se former tout autour une espèce de gelée, & si l’on met beaucoup de graines, l’eau deviendra mucilagineuse & gluante. Or, si l’eau a la faculté de détruire ce mucilage, l’humidité de l’atmosphère a donc en partie sur lui la même action ; de-là résulte la nécessité de tenir la graine dans un lieu sec & exposé à un courant d’air qui dissipe l’humidité. D’ailleurs, l’état alternatif de siccité & d’humidité qu’éprouveroit la graine, nuit à sa conservation, à la qualité & à la quantité de l’huile.


§. IV. De la graine de lin, relativement à la médecine.


La graine est la seule partie du lin, employée en médecine ; elle donne une huile, un suc gluant, mucilagineux & fade ; elle est émolliente par excellence, béchique, antiphlogistique.

La décoction des semences diminue sensiblement l’ardeur d’urine quelquefois occasionnée par l’application des mouches cantharides ; & le pissement de sang, causé par les mouches cantharides prises intérieurement ; l’ardeur d’urine par l’inflammation du col de la vessie ou de l’urètre ; l’ardeur d’urine par âcreté des urines ; elle augmente le cours de ce fluide, suspendu par un état inflammatoire. Le mucilage des semences soulage quelquefois dans la phtisie pulmonaire essentielle, dans l’asthme convulsif & la toux catarrhale : plusieurs médecins préférent la décoction édulcorée avec le miel blanc… Extérieurement, le mucilage appaise les douleurs hémorroïdales ; il est nuisible sur les tumeurs inflammatoires & sur les brûlures récentes. L’huile de lin par expression, en onction, relâche les tégumens, mais elle ne guérit point les douleurs des articulations, les mouvemens convulsifs, ni les taches de la peau… Intérieurement, elle fait quelquefois mourir les vers ascarides, cucurbitins & lombricaux ; elle calme les coliques causées par des substances vénéneuses, comme la plupart des huiles par expression.

On prescrit les semences du lin depuis demi-dragme jusqu’à demi-once, en décoction dans huit onces d’eau ; l’huile se prend intérieurement depuis deux jusqu’à quatre onces, & en lavement à la dose de huit onces. Il est très-essentiel de se servir de l’huile tirée tout récemment.

Pour l’animal, la dose de l’huile de lin est de quatre onces ; celle des graines est d’une à deux onces par trois livres de décoction ou de boisson, La graine moulue & réduite en farine est émolliente & macération, & on s’en sert pour les cataplasmes.



LINAIRE COMMUNE, ou LIN SAUVAGE. (Voyez Pioche VI, page 248.) Von Linné la classe dans la dydinamie angiospermie, & la nomme anthirrinum linaria. Tournefort la place dans la troisième classe qui renferme les herbes à fleur d’une seule pièce, irrégulière & terminée par un mufle à deux mâchoires, & il l’appelle lïnaria vulgaris lutea, flore majore.