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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/291

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le changer en nymphe ; ainsi avant de devenir un insecte parfait, il reste dans l’olive pendant vingt-huit ou trente jours.

» J’ai trouvé quelques dépouilles de mouches dans les olives avant la fin du mois d’août. Ces insectes se reproduisent successivement tant qu’il reste des olives sur les arbres. Il m’est arrivé de les perpétuer pendant tout l’hiver sous des cloches en leur offrant des olives nouvelles.

» Chaque ver ronge, avant de se métamorphoser, environ la cinquième partie de la chair de l’olive. Lorsqu’il s’en trouve plusieurs sur le même fruit, il n’y reste presque rien au moment de le cueillir.

» Voilà est peu de mots l’histoire d’un insecte qui est au moins aussi funeste que ceux dont j’ai déjà parlé. Il n’attaque l’olive que peu de temps avant qu’elle soit parvenue à sa maturité, & il vient ainsi détruire l’espoir du cultivateur quand il est sur le point de jouir du fruit de ses peines. La connoissance de sa manière de vivre, de sa reproduction, mettent, il est vrai, sur la voie de tenter des moyens pour le détruire, mais on n’en a encore trouvé aucun : il n’y auroit pas de récompense qui ne fût au dessous d’un pareil bienfait.

M. Bernard vient de donner la preuve la plus complète de sa sagacité & de son excellente manière d’observer. Tout ce que l’on avoit écrit jusqu’à ce jour sur l’histoire naturelle des insectes de l’olivier, n’étoit qu’un roman ou un enchaînement de conséquences fausses & absurdes : il a enfin déchiré le voile qui cachoit la vérité,


CHAPITRE XIII.

Existe-t-il des moyens de détruire let insectes des oliviers.


On a vu dans l’histoire naturelle de ces insectes, qu’ils sont tous ailés, qu’ils se transportent facilement d’un lieu à un autre, & qu’un seul, au moyen des articulations de ses pattes de derrière, s’élance par des sauts à de très-grandes distances. On a vu encore que les larves ou chenilles naissoient sur les feuilles, dans les fruits, & qu’elles ne prenoient pas leur origine dans la terre ; enfin qu’elles ne grimpoient pas du tronc aux branches, aux feuilles, aux fruits, &c. C’est donc sur la tête même de l’arbre que doivent être appliqués les moyens à employer contre ces insectes destructeurs, & malheureusement trop multipliés.

M. Sieuve est, je crois, le premier qui ait proposé de ratisser par bandes circulaires l’écorce du tronc, & d’appliquer sur ces bandes devenues lisses, une espèce de goudron de la composition duquel il fait un secret. Ce goudron, de quelque nature qu’il soit, est complètement inutile quant aux insectes qu’on suppose gratuitement venir du sol, & grimper du tronc aux branches. Il peut tout au plus empêcher les fourmis d’y monter, & de profiter du dégât causé par les autres insectes, car elles n’y font d’ailleurs aucun mal. (Voyez l’article Fourmi) Si ce goudron opère de bons effets, c’est donc par son odeur pénétrante & vive qui chasse les insectes. Dans ce cas, il y a mille & mille moyens plus simples & qui ne s’opposent pas à la transpiration de l’arbre dans