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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/331

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qui est l’effet d’un corps arrêté dans l’œsophage ; l’art fournit des moyens sûrs & puissans pour la guérir promptement. Pour traiter avec quelque succès la suffocation, il ne faut jamais perdre de vue la cause qui lui donne naissance. On combattra par la diette & par les saignées du pied & du bras, la suffocation qui dépendra d’une pléthore universelle, ou d’un engorgement sanguin dans quelque organe. On opposera à celle qui sera l’effet d’une fermentation dans les humeurs, des boissons acidulées, bien fraîches, & même glacées, telles que la limonade, l’orangeade, le sirop de vinaigre & le suc de cerise, étendus dans une suffisante quantité d’eau.

On emploiera avec succès l’alkali volatil fluor, l’eau de luce & autres spiritueux dont on chatouillera le gosier avec la barbe d’une plume, contre la suffocation par cause de méphitisme ; mais l’air libre & frais est encore le meilleur remède pour les personnes suffoquées par les vapeurs du soufre, du charbon ou du vin. Les lavemens âcres & stimulans, les frictions sèches surtout le corps, la fumée du tabac injectée par l’anus, produisent quelquefois de bons effets, ainsi que quelques poudres sternutatoires, âcres, telles que le tabac, l’euphorbe, la pyrèthre, qu’on fait souffler dans les narines, enfin, on s’abstiendra de la saignée dans la suffocation qui dépend de l’empyème, ou d’une vomique, & dans celle qui attaque les scorbutiques. M. AMI.


SUIE. Matière ordinairement noire & épaisse, que la fumée laisse, & qui s’attache au tuyau des cheminées ; plus le courant d’air est considérable dans les cheminées & entre les matières que l’on brille, moins elles donnent de suie. La suie est la portion qui n’a pas pu s’enflammer faute de contact suffisant avec l’air ; car si les vapeurs qui s’exhalent d’un corps inflammable, étoient assez raréfiées, pour que chacune de leurs parties fût bien environnée d’air, elles brûleroient toutes avec flamme, & alors on n’auroit ni fumée ni suie. Ce principe est rigoureusement démontré par les lampes ingénieuses inventées par M. Argand. Les suies ne sont pas toutes égales en qualité. Elles diffèrent, soit par la manière dont elles ont été produites par la flamme, soit par la nature même des substances que l’on brûle. De tels détails nous meneroient trop loin. Toutes les suies, en général, ont une saveur âcre, amère, & sentent l’empyreume, & toutes fournissent un sel alkali plus ou moins chargé de principes salins. On s’en sert pour les teintures.

La suie devient un excellent engrains, si les terres renferment en proportion suffisante des substances animales ; car si la partie saline de la suie domine trop, elle nuit plus à la végétation, qu’elle ne lui est utile ; & elle ne lui sera utile qu’autant que les pluies auront dissous ses sels & les auront combinés avec les matières graisseuses pour en composer les matériaux vie la sève. (Consultez ce mot, ainsi que l’article Amendement) Lorsqu’on veut s’en servir sur les terres à grains, il vaut beaucoup mieux la mêler avec le fumier, l’y étendre, couche par couche ; & lorsque le fumier est fait, on le porte sur les champs :