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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/396

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considérons d’une manière isolée un de ces bourgeons ; ce qu’on dira pour lui s’applique à tous les autres ; la figure A, de l’arbre en buisson ou gobelet, tome II, planche XIX, page 495, présente le tableau de toutes les bifurcations des branches mais le dessinateur n’a pas eu la scrupuleuse attention de placer ces bifurcations à l’angle exact de quarante-cinq degrés, il faut donc que le lecteur y supplée par l’imagination, & qu’il suppose les bifurcations encore un peu plus rapprochées qu’elles ne le sont.

Ce bourgeon de l’année s’écarte un peu de la perpendiculaire, parce qu’on le suppose accompagné de deux à trois autres, placés sur le pourtour de la tête de l’arbre, qui se sont mutuellement forcés à s’écarter un peu les uns des autres… À la taille d’hiver, je le ravale sur deux yeux latéraux, c’est-à-dire, placés sur les côtés, & non en avant ou en arrière. Ces deux yeux fourniront, au printemps suivant, deux bourgeons nouveaux, qui s’écarteront d’eux-mêmes à la forme V, ou de quarante-cinq degrés, parce que j’ai supprimé, à la taille d’hiver, le canal direct ou partie du bourgeon qui excédoit les deux yeux. Ils pousseront sans contrainte & sans gêne, pendant toute l’année, simplement fixés par des alaises, pour les garantir, ainsi qu’il a été dit, des coups de vents… À la taille de l’hiver suivant, je les ravale à la hauteur de quatre, six ou huit yeux latéraux, suivant leur force particulière… Les nouveaux bourgeons s’écarteront encore d’eux-mêmes en forme de V, & ainsi de suite, d’année en année. On voit donc clairement que cette taille supprime chaque année tout canal direct, & force les bourgeons à suivre d’eux-mêmes la seconde loi naturelle, & qu’ils se mettent d’eux-mêmes à l’angle de quarante-cinq degrés. Cette multiplicité d’angles & de bourgeons évase petit à petit le sommet du gobelet, & se prête à la forme qu’on désire lui donner. Si un des bourgeons a moins de force, est moins vigoureux que ses voisins, je laisse à ceux-ci un ou deux yeux de plus, & le ou les bourgeons foibles de la seconde ou troisième année, &c. sont taillés à un ou deux & même trois yeux de moins. Plus une branche a de bourgeons à nourrir, moins ils acquièrent de force, & ils en acquièrent du côté où leur nombre est moins considérable. C’est par ce petit stratagème que l’on parvient à établir successivement un équilibre parfait dans toutes les branches du pourtour de l’arbre. Enfin, par la suppression perpétuelle du canal direct, toutes les fois qu’il se présente, on empêche la poussée des gourmands, & sur-tout de ces tirans si communs sur les buissons, dont les branches sont toutes d’une même venue, depuis le tronc jusqu’à leur sommet… Si malgré ces précautions les tirans sont trop nombreux ou trop forts au sommet, & sur-tout sur les francs ; enfin, si ce sommet est déjà à une hauteur convenable où je veuille l’arrêter, les principes indiqués me fournissent la facilité de modérer la sève… Au mois de juin ou de juillet, suivant le climat, j’incline horizontalement ces bourgeons les uns sur les autres, dans toute la circonférence ou évasement de l’arbre. Par cette opération bien simple, ces bourgeons,