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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/530

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dans la plantation, qui devient indispensable ; mais on doit payer l’agrément.

Quant à la culture des grains, ici se présente mille et mille considérations particulières & locales, que je ne puis dénombrer, parce que toutes tiennent à la nature des matériaux qui sont entrés dans la formation du tuf, & encore à la manière d’être & à la ténacité du gluten qui les lie. Ces deux seules circonstances varient à l’infini dans la nature des tufs ; mais le vrai point embarrassant de la question, est de savoir, si, ayant une couche de terre végétale, épaisse de quelques pouces seulement, on doit chaque année attaquer, avec la charrue, la superficie de ce qu’on appelle gor ou tuf. La solution du problème dépend, 1°. de l’examen de cette superficie, & de se convaincre si elle est de nature calcaire ou vitrifiable. (Consultez les mots Terre Calcaire, ou Chaux.) Si elle est vitrifiable, elle ne contribuera pas plus intrinsèquement à la végétation, que des recoupes vitrifiables c’est-à-dire, qu’elle ne fournira aucun des principes qui entrent dans la composition des plantes. Les débris de cette couche feront tout au plus l’office d’une éponge, propre à retenir l’humidité ; mais ils ne donneront pas d’humus. Dans ce cas, on ne gagnera rien, quant aux principes de végétation. Dans la supposition contraire, c’est-à-dire de la couche de nature calcaire, il est démontré que cette pierre se décompose à l’air ; que la décomposition d’une espèce est plus prompte que celle de telle autre ; mais enfin, plus elle est pure, & plus promptement elle se décompose ; or, dans tous les cas, on doit l’attaquer, parce que la substance calcaire est une substance animalisée, c’est-à-dire, composée des débris des végétaux & des animaux qui forment l’humus ou la seule terre végétale. C’est donc d’après l’inspection de la nature du tuf qu’on doit se décider à l’attaquer ou à le laisser intact. Voilà ce que dicte le bon sens de l’homme qui n’agit pas comme une machine ; mais d’après des principes fondés sur les loix de la nature. Je vais plus loin, & je dis actuellement, quel que soit la nature du gor, il faut l’attaquer si la couche de terre de superficie n’a que six pouces d’épaisseur. J’espère qu’on ne me prêtera pas l’idée de conseiller de labourer les rochers, de pénétrer dans les poudings composés de cailloux unis par le ciment le plus dur. Mais dans la supposition d’une couche de six pouces d’épaisseur, & dans celle que le tuf soit divisible par la charrue, je dis qu’il convient chaque année de l’attaquer, quand même on n’auroit d’autre but que celui de conserver le plus long-tems possible, & même d’ajouter à la totalité de l’épaisseur de la couche ; en effet, si on n’ajoute pas à cette couche, chaque année, les eaux des pluies, les vents impétueux diminueront son volume, & à la longue, le tuf restera nu. Donc il est urgent de prévenir les dégradations, & on n’y parviendra qu’en mêlant le tuf à la bonne terre. S’il est vitrifiable, il n’agira que comme conservateur, mais s’il est calcaire, il agira & comme conservateur, & comme améliorateur ; dans le premier cas, il convient de