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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/16

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tielle, soit en pleine terre ou en pots. Il convient ensuite d’envelopper de mousse fraîche, fixée avec de la ficelle, toute la partie de la tige qui se trouve hors de terre, et de la couvrir par-dessus la mousse d’une légère enveloppe de paille longue. Celle opération a pour but d’abriter la plaie, dans toute sa longueur, du contact de l’air, et de l’entretenir humide et fraîche. Ce moyen de multiplication est plus extraordinaire qu’utile ; il compromet l’existence d’un arbre qu’on auroit pu multiplier plus sûrement de marcotes, de greffes ou même de boutures. Nous l’avons vu pratiquer à Gênes sur de jeunes orangers, des citronniers, ainsi que des souches de câpriers ; mais nous n’en avons pas constaté la réussite. Il est assez curieux de savoir ce que devient la moelle dans ces arbres, et les vaisseaux qui communiquent de ce conduit médullaire entre l’aubier et l’écorce, pour y déposer le cambium qui, suivant l’opinion de Daubenton, sert à fournir les couches ligneuses. Des expériences suivies avec soin sur cette partie, pourroient jeter beaucoup de jour sur un point de physique végétale très-intéressant. On multiplie les ognons écailleux, tels que le martagon du Canada, (lilium superbum L.) et autres, en séparant les écailles les unes des autres. Ces écailles, après avoir été exposées à l’air pendant quelques heures à l’ombre, sont plantées dans des caisses ou des terrines remplies de terreau de bruyère, et placées à l’exposition du levant. Il ne leur faut que de très légers bassinages pendant la fin de l’automne, temps le plus favorable à leur plantation, encore moins pendant l’hiver, et un peu davantage au printemps. Ces écailles poussent, dès le premier printemps, de petites bulbes qui ne produisent qu’une feuille, cette première année ; mais, les années suivantes, elles en produisent davantage, et sont en état de fleurir la cinquième année. Les hivers, il convient de couvrir ces jeunes bulbes de litière, ou de les rentrer pendant les fortes gelées dans une serre froide ; enfin, on fend quelquefois eu deux ou en quatre parties, des ognons qu’on veut multiplier, et cette opération réussit très-souvent : c’est le jour de la plantation qu’elle s’exécute, peu d’heures auparavant. Les parties d’ognons sont plantées dans des pots avec du terreau de bruyère plus sec qu’humide, et on ne les arrose que lorsqu’ils commencent à pousser. (T.)


ÉCREVISSE, (Cancer astacus L.) Addition aux art. Écrevisse et Étang, tome II du Cours. L’écrevisse se trouve dans toute l’Europe et au nord de l’Asie ; elle préfère les eaux vives des rivières et des ruisseaux qui coulent sur un fond pierreux ; on parvient difficilement à la tenir dans une eau stagnante, et si on l’y transporte après l’avoir tirée d’une eau courante, on la voit en sortir, se traîner sur la terre pour chercher une habitation plus convenable, et périr dans ce trajet, hors de son élément naturel. Ce n’est qu’après avoir sacrifié un certain nombre d’écrevisses, que l’on peut en conserver quelques unes dans des eaux non courantes, mais pures, car celles qui sont corrompues tuent ces crustacés.

Lorsqu’on met les écrevisses dans quelque réservoir pour les prendre au besoin, on doit pourvoir amplement à leur nourriture, si l’on veut qu’elles prennent de la chair et qu’elles engraissent. Ces animaux sont très-voraces et ne vivent que de substances animales, soit fraîches, soit en putréfaction ; ils se dévorent même entr’eux s’ils manquent d’alimens ; mais ils passent presque tout l’hiver sans manger.

La multiplication des écrevisses est très-considérable. Une singularité remarquable, c’est qu’elles ont aux pattes les organes de la génération ; une cavité pro-