Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous le nom de claveau. Cette inoculation produit sur les moutons le même effet que l’inoculation de la petite vérole chez les hommes. Les animaux inoculés contractent la maladie, mais les symptômes en sont légers, et la guérison est prompte et assurée. Les expériences qui ont lieu chaque jour prouvent que les troupeaux inoculés sont à l’abri de toute contagion. On a accouplé des béliers atteints de la pourriture avec des brebis inoculées. Les brebis, ainsi que les agneaux qui ont été le résultat de ces accouplemens, n’ont offert aucun symptôme de pourriture.

On inocule le mouton, en faisant une incision à la face intérieure de la cuisse, dans la partie qui est dénuée de laine, à quatre doigts de l’anus. L’incision doit pénétrer la peau ; mais il faut prendre garde qu’elle n’attaque les muscles, ou qu’elle n’occasionne une effusion de sang. On presse avec les doigts un bouton d’un animal infecté de la maladie ; et après avoir enlevé, par le moyen d’une lancette, le virus qui en sort, on le porte dans la plaie de l’individu qu’on veut inoculer.

On s’occupe dans ce moment, à Alfort, d’inoculer la vaccine aux moutons. On a fait quelques expériences qui semblent promettre des succès heureux. (Voyez Vaccination.)

§. XVIII. Manière de numéroter les animaux d’un troupeau. Comme la formation d’un troupeau ne doit pas être abandonnée au hasard, mais qu’elle doit être dirigée par les notions de l’expérience, et d’après des observations et des calculs, il est nécessaire que le cultivateur reconnoisse chaque individu de son troupeau, et qu’il puisse remonter à la souche primitive, en suivant graduellement chaque génération.

Celle connoissance est utile, soit qu’on veuille former un troupeau de race pure, soit que l’on veuille améliorer des races communes, soit enfin que l’on combine par des croisemens variés différentes races les unes avec les autres.

On doit chercher, dans le premier cas, non seulement à soutenir sa race, mais encore à l’améliorer de plus en plus, tant sous le rapport de la finesse et de la longueur des laines, que sous d’autres rapports, tels que ceux de la taille, de la chair, de l’engrais, etc. Il faut donc savoir quels sont les individus qui sont doués des qualités désirées, ou ceux qui donnent les plus beaux produits, etc. Il sera facile, par ce moyen, de diriger et de combiner les accouplemens, de manière à obtenir des races plus parfaites que celles par lesquelles on aura d’abord commencé.

Le numérotage ne sera pas moins utile, lorsqu’on voudra combiner deux ou plusieurs races les unes avec les autres. Il fixera les choix, en indiquant quels sont, dans chaque race, les animaux dont les croisemens sont le plus avantageux ; quels sont les nouveaux produits qui offrent les plus belles espérances, quels sont ceux qui doivent être rejetés ; il servira à faire connoître la source des vices qui se reproduisent à chaque génération, ou à certains intervalles, dans une suite des générations ; il mettra à l’abri de toute méprise, il facilitera les moyens de parvenir à des résultats positifs et toujours utiles aux progrès de l’art.

Peu importe quel moyen on emploie lour numéroter les animaux d’un troupeau, il suffit qu’il soit facile dans exécution, et qu’il puisse mettre le propriétaire à l’abri de toute erreur. Je vais donner ici le système de numérotage que j’ai conçu ; chacun pourra le changer, ou le modifier à son gré.

On a coutume de marquer les chevaux, et quelques autres espèces d’animaux, avec un fer rouge appliqué sur