Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/660

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’air, en plus ou moins grande quantité. Ces airs, et principalement l’oxigène, se combinent avec le principe colorant, ce qui en fait varier les couleurs, comme on le remarque particulièrement dans les pétales.

Du système des vaisseaux spiraux, ou trachées. Lorsqu’on déchire lentement les pétioles fibreux, ou les nervures d’une feuille, et qu’on l’observe à la loupe, ou même à la vue simple, on apperçoit, dans l’endroit déchiré, une multitude de lames brillantes, élastiques, d’une couleur nacrée, et contournées en spirale, comme un tire-bourre, (oo, fig. 6.) Ces lames sont appelées trachées, parce qu’on les a comparées aux trachées des insectes ; elles se déroulent également, et en ont tous les caractères. Leur élasticité est considérable. Lorsqu’on les a distendues modérément, elles reviennent sur elles-mêmes, aussitôt qu’on fait cesser l’extension, de la même manière que le fait un ressort à boudin.

Les trachées ont une grande irritabilité. Malpighi dit qu’il y avoit observé, en hiver, un mouvement vermiculaire qui le ravissait.

Prévost a confirmé cette observation de Malpighi : « Si l’on découvre, dit-il[1], les trachées d’une plante fraîche, et qu’on les rompe ensuite avec précaution, afin de les conserver longues, on y observe un mouvement vermiculaire, quelquefois très-vif, qui demeure depuis quelques minutes jusqu’à deux ou trois heures, et qui se renouvelle lorsqu’on souffle dessus de l’haleine humide et chaude.

» Elles s’agitent également à la vapeur de l’eau chaude. »

On croit que les trachées sont destinées à la circulation de l’air ; mais aucune expérience décisive ne le prouve.

Du sytème médullaire. La moelle ou substance médullaire, ff, fig. 6, des végétaux, est un tissu qui paroît avoir quelques rapports extérieurs avec une liqueur pleine de petites bulles d’air ; par exemple, avec une eau de savon limpide, dans laquelle on a soufflé de l’air. Lorsque la substance médullaire n’est point comprimée, telle qu’elle l’est dans les tiges herbacées de plusieurs plantes annuelles, elle ne remplit pas entièrement la cavité de la tige, et elle se présente pour lors sous la forme d’un amas de fibres entrelacées, comme de la bourre de coton : c’est ce qu’on voit dans les tiges de laitue, de chicorée, de sparganier ; mais lorsqu’elle remplit toute la cavité de la tige, comme dans le sureau, ses petites cellules affectent quelquefois la forme hexagonale. C’est une forme géométrique qui résulte de la compression : mais cette forme est très-rare.

Cette substance est ordinairement blanche : cependant elle est colorée chez quelques plantes, telles que le noyer, le choux, le pin. Mais, pour mieux connoître une partie aussi essentielle, l’auteur l’examine dans les divers végétaux.

De la substance médullaire chez les végétaux agenies. Les végétaux agenies ou sans sexe, tels que les trémelles, les conferves, les byssus, sont d’un tissu si délié, que l’auteur n’a pu en distinguer la partie médullaire.

Mais, chez les champignons, que quelques auteurs placent dans cette famille, la partie médullaire est très-sensible.

De la substance médullaire chez les végétaux acotylédons. Chez les végétaux acotylédons ou sans cotylédons, la substance médullaire se trouve distribuée comme chez les monocotylédons.

De la substance médullaire chez les monocotylédons. Cette substance est très-abondante dans cette famille de végétaux. Elle en remplit toute la tige, comme l’a fait voir Desfontaines, et la partie fibreuse s’y trouve comme noyée.

De la substance médullaire chez les dicotylédons. La substance médullaire forme, au centre des végétaux dicotylédons, une masse continue plus ou moins considérable. De là elle s’étend en rayons divergens à travers la substance fibreuse jusqu’à l’écorce. C’est ce qu’on appelle les prolongemens médullaires.

Dans les plantes annuelles la partie médullaire centrale est très-considérable, comme on le voit dans les tiges des laitues, par exemple.

Dans les grands arbres, tels que le chêne, le châtaignier, la partie médullaire est assez considérable dans les jeunes branches, et elle a peu de consistance : mais dans la tige, la partie médullaire est peu considérable, et sa consistance est égale à celle de la partie fibreuse. Les prolongemens médullaires sont en lames rectangulaires, et ont un éclat satiné.

De la substance médullaire de la peau ou derme, dd, fig. 6. La peau ou derme, ou chorion, paroît composée de substances médul-

  1. Journal de Physique. Thermidor an 11, page 119.