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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/682

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elles-mêmes, l’animal s’appuie, il se couche, et se lève ; mais il importe que l’artiste ne permette en aucune manière de le sortir de sa place, et encore moins de le faire exercer. La résolution ne commence à s’opérer que par les surfaces. L’affection des parties intérieures, c’est-à dire des cartilages, qui recouvrent les abouts osseux de l’articulation, ne se dissipant qu’avec le temps, les moindres efforts de ces parties susciteroient en peu de temps une inflammation douloureuse, qui pourroit être suivie des plus grandes catastrophes. Ces accidens, en pareil cas, ne sont malheureusement que trop fréquens, et l’on ne sauroit trop s’en garantir. D’une autre part, si les mouvemens s’opèrent aussitôt après l’évacuation de l’humeur synoviale, les surfaces des parties articulées se frottent à sec ; ces mêmes mouvemens peuvent encore ouvrir ou forcer la petite plaie par où sa synovie a été évacuée, et par conséquent permettre à l’air extérieur d’entrer dans l’articulation, introduction qui est suivie du gonflement de la partie, de la douleur la plus insupportable, de la fièvre, etc.

Cette circonstance exige donc nécessairement que l’animal garde le repos le plus parfait, jusqu’à ce que la partie ait repris à peu près son état naturel.

Si l’inflammation et la douleur étoient trop fortes, et que la fièvre existât, la suppuration n’auroit point lieu, il faudroit se hâter de saigner, de faire prendre des pédiluves émolliens, d’envelopper la partie de cataplasmes anodins, dont l’application seroit précédée d’une onction d’onguent populéum bien frais : on renouvelleroit ces applications toutes les quatre heures, et on les continueroit, sans interruption, jusqu’à ce que l’inflammation fût calmée ; on donneroit en outre des boissons adoucissantes et calmantes, ainsi que des lavemens de même nature.

Lorsque le feu est trop foible, il faut avoir recours aux frictions d’huile essentielle de lavande, alternées avec celles de baume de Fioraventi, auquel on ajoute un cinquième d’éther sulfurique ; du reste, on doit laisser tomber d’elle-même l’escarre résultante de la cautérisation opérée par le bouton de feu. (Ch. et Fr.)


VIANDE. Les parties molles, la chair, et sur-tout les muscles de ceux des quadrupèdes, des oiseaux et des poissons que les hommes ont reconnus comme les plus propres à leur servir de nourriture, sont désignés sous le nom générique de viande. Sa qualité varie suivant les espèces d’animaux, leur âge, leur sexe, leur état sauvage ou domestique, la quantité et la nature des alimens dont ils ont été nourris, l’embonpoint qu’ils ont acquis, ou l’état de maigreur dans lequel ils sont tombés, suivant qu’ils sont pourvus ou privés des organes de la génération, ou enfin, suivant le climat et les lieux qu’ils habitent.

Ainsi, la viande est dense, compacte et désagréable dans les animaux carnivores ; tendre, délicate dans les animaux herbivores ou frugivores ; molle, grasse dans les animaux sédentaires ; ferme, maigre dans ceux qui prennent beaucoup d’exercice ; gélatineuse dans les jeunes animaux ; dure, fibreuse dans les vieux ; semblable dans les animaux des deux sexes, pendant qu’ils sont jeunes ; d’un tissu toujours moins serré dans les femelles que dans les mâles ; plus grasse, plus savoureuse dans les animaux privés des organes de la génération que dans ceux qui les ont conservés ; sèche et coriace dans les animaux maigres ; plus molle et moins fibreuse dans ceux qui sont engraissés ; plus légère, plus facile à digérer, moins nourrissante dans les oiseaux que dans les quadrupèdes, mais aussi succulente que celle de ces derniers, quand les oiseaux ont subi l’opération de la castration ; plus ferme dans les parties les plus exercées de ces oiseaux, comme les cuisses, quand ils marchent plus qu’ils ne volent, comme les ailes ; quand ils volent