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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/138

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LA COMPLAINTE

Qui se muèrent soudainement ;
Et de clers aussi fètement,
Dont il ont grant aünement,
Dont li ost Dieu fust maintenuz ?
Mès il le font tout autrement,
Qu’il en font lor grant fondement :
Et Diex remaint là outre nuz.

De Gresse vint chevalerie
Premièrement d’ancesserie ;
Si vint en France et en Bretaingne :
Grant pièce i a esté chiérie ;
Or est à mesnie eschérie,
Que nus n’est tels qui la retiengne.
Mort sont Ogier et Charlemaine :
Or s’en voist qui plus n’i remaingne.
Loiautez est morte et périe ;
C’estoit sa monjoie et s’ensaingne,
C’estoit sa dame et sa compaigne,
Et sa mestre herbregerie[1].

Coument amera sainte Esglize[2]
Qui ceux n’aimme pas c’on la prize ?
Je ne voi pas en queil menière :
Li rois ne fait droit ne justize
A chevaliers, ainz les desprize,
Et ce sunt cil par qu’ele est chière,
Fors tant qu’en prison fort et fière
Met l’un avant et l’autre arière,
Jà tant n’iert hauz hom à devise ;

  1. Ms. 7633. Var. Habergerie.
  2. Cette strophe manque au Ms. 7218.