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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/403

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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

habitants ; serment qui avait déjà été prêté entre les mains des capitouls à Alphonse et à Jeanne sa femme, absents pour le service de Jésus-Christ ; ainsi du moins s’exprimèrent les habitants d’Agen.

Après avoir parcouru les terres de leurs domaines, le comte et la comtesse de Toulouse revinrent en France et s’y fixèrent. Leur séjour habituel fut le château de Vincennes, probablement à cause de la proximité où il se trouvait du siège principal du gouvernement. En 1252 Alphonse, se voyant en grand danger par une attaque d’apoplexie, fit vœu de retourner en Terre-Sainte s’il guérissait, et prit la croix ; mais ce voyage, retardé par des obstacles sans cesse renaissants, ne fut entrepris qu’un 1270, lorsque saint Louis exécuta sa seconde expédition. À cette époque le comte et la comtesse se rendirent vers la fin de mai en Provence, où ils firent tous deux leur testament, s’embarquèrent à Aigues-Mortes, joignirent saint Louis au port de Cagliari en Sardaigne, où sa flotte s’était arrêtée, et débarquèrent devant Tunis le 17 juillet.

Après la mort de saint Louis, qui arriva le 25 août, l’expédition étant manquée, Alphonse et sa femme firent voile des côtes d’Afrique vers la Sicile, où ils passèrent l’hiver et une partie du printemps. Ils allèrent de là en Italie et continuèrent leur route par terre. Tous deux, ayant été attaqués d’une violente maladie au château de Corneto, sur les confins de la Toscane et des états de Gênes, se firent transporter à Savone. Alphonse y mourut le vendredi 21 août 1271, âgé de 51 ans, sans laisser de postérité. Jeanne, sa femme, mourut le mardi suivant.

Leurs corps furent portés, savoir : celui d’Alphonse dans l’église de Saint-Denis, où il avait choisi sa sépulture, et celui de Jeanne dans l’abbaye de Gerci en Brie, qu’elle avait fondée en 1269. Philippe-le-Hardy recueillit toute leur succession, malgré l’opposition de Philippe de Lomagne, héritière de Jeanne, et celle de Charles d’Anjou, qui réclamait aussi comme étant le plus proche héritier