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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/108

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L’émotion que j’éprouvais en lisant la tragédie, l’attitude du Marquis, ma surprise, l’inquiétude me laissent à peine la liberté de parler. Mes yeux se remplissent de larmes, et je ne puis que lui dire de se lever, et tendre la main pour ravoir mon portrait ; il se jette sur ma main, qu’il serre, qu’il baise avec transport, et comme hors de lui-même met dans sa poche le portrait. Je ne vous le pardonnerai jamais, Marquis, lui dis-je, avec une extrême vivacité, et c’est la dernière fois que vous me voyez. Je fais quelques efforts pour le quitter, il s’élance vers moi ; le voilà encore à genoux, et il me rend d’un air soumis ce portrait fatal ; alors je lui fais des remercimens de bien bon cœur de sa complaisance, et il s’efforce de se payer en me baisant mille fois les mains. Devenu un peu