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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/32

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tourmens que me prépare un amour sans espoir ; mais j’y ai réfléchi, et il me semble que l’amour ne rend malheureux que lorsque habitué à quelque aliment, il vient à en être privé, que lorsque enflammé par quelques faveurs, il se perd dans l’immensité des désirs qu’elles lui ont fait concevoir ; mais privé dès sa naissance de tout espoir, mon amour sera un culte pur, qui ne peut exciter d’orages dans ma vie. Ces réflexions m’ont occupé une partie de la route ; à la moitié du chemin je me suis arrêté dans une auberge pour déjeuner et faire rafraîchir les chevaux ; dans cette auberge était un bon Germain de l’ancien temps ; la candeur, la probité étaient peintes sur sa figure, et l’on voyait à son maintien qu’il avait servi. Comme je l’entendis parler Français avec