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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/342

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tardé à me sentir entre les bras du Marquis. Il était facile d’apercevoir son trouble, et je crois qu’il mettait pour s’étourdir, une rapidité extrême dans tous ses mouvemens. On se pressait autour de nous pour nous voir danser, et l’on applaudissait à tous deux ; mon oncle, sur-tout, s’extasiait, ou criait bravissimo à tue tête. Je ne saurais vous dire combien, en débutant, je craignais une danse qui donne tant de facilité à un homme emporté par sa passion, de faire connaître sensiblement ce qu’il éprouve ; je pris le parti de songer à toute autre chose, sans regarder autour de moi ; mais une ou deux fois je jetai les yeux involontairement sur une glace et je ne saurais vous dire ce que j’éprouvai. lorsque j’y vis le Marquis me tenant dans ses bras. C’était en vérité un