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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/101

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ouvrant les yeux mon mari et une vieille parente avec laquelle j’avais dîné ; la fureur transportait l’un, et l’autre me regardait avec le plus insultant mépris ; mon mari tenait dans ses mains un portrait de moi qui était égaré depuis quelque temps, il me le montra en me disant, votre noble amant a oublié d’emporter avec lui ce gage précieux de votre tendresse, et à peine eut-il dit ces mots qu’il le jeta à ses pieds. Ce que je voyais, ce que j’entendais était pour moi inexplicable ; je fondis en larmes, effrayée de tant d’emportement dont j’ignorais la cause. Qu’ai-je fait ? disais-je. Malheureuse ! un laquais ! répétait mon mari furieux ! la parente, levait les yeux au ciel, joignait les mains en disant : qui eût pu croire une pareille bassesse, et toute une maison, et des étrangers en sont les témoins !