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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/159

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autres : voilà, ma chère Émilie, tout ce que je trouverai dans ma mère ; je la ferai lire dans mon cœur, et ne lui apprendrai peut-être rien. Que sais-je si je n’ai pas fait des imprudences qui m’ont compromise ! la réputation d’une femme tient à si peu de chose ; la malignité est si habile à pénétrer, si prompte à publier ses découvertes, si disposée à les exagérer ! Ma mère pourra changer le cours des conversations, surveillera les regards des autres comme les miens, et bientôt le Marquis se verra forcé à concentrer une passion qui s’éteindra enfin par un manque absolu d’alimens. Si j’avais le bonheur de vivre avec vous, mon Émilie, je ne hasarderais pas une telle confidence, vous suffiriez pour me préserver de tout danger ; mais dans la situation où je me trouve, je la crois nécessaire ; à chaque